Thursday, November 14, 2019

La Blockchain pour les nuls par Adrien Tombari



Une chaîne de blocs, ou blockchain, consiste 
en une banque de données qui contient 
l’historique de tous les échanges effectués en son 
sein. Sécurisée et distribuée, elle est partagée par 
ses différents utilisateurs, sans intermédiaire. Son 
meilleur exemple? Bitcoin.
Mark Mueller-Eberstein, PDG et fondateur d'Adgetec Corporation, est un consultant international renommé sur le sujet des plus récentes tendances technologiques. Il fait le point, pour Infopresse, sur le phénomène des blockchains et ses applications potentielles en communications-marketing.
Adrien Tombari: tout d’abord, en quelques mots, pourriez-vous nous dire ce qu’est une chaîne de blocs?
Mark Mueller-Eberstein: C'est un système décentralisé de comptabilité en ligne, ou registre, maintenu par un réseau d’ordinateurs qui vérifient et enregistrent les transactions en employant des techniques cryptographiques établies.
Pour simplifier: imaginez un fichier numérique comme une image, une musique ou un «jeton» qui ne peut être transféré que d’un utilisateur à l’autre, sans être distribué (ou dépensé) à plusieurs reprises. En bref, la technologie de la chaîne de blocs règle le problème de transfert de valeurs entre les utilisateurs d'internet sans l’obligation de passer par un tiers.
Internet a donné naissance à de nouvelles formes de communication, en plus de transformer les modèles économiques et le paysage multimédia. De même, la technologie de blockchain (à l’aide de la technologie internet sous-jacente) transforme non seulement l’industrie financière, mais pourrait créer des modèles commerciaux même pas encore envisagés aujourd’hui.
On peut s’inspirer des Amazon, Netflix, Uber et autres AirBnb de ce monde, qui ont créé des entreprises encore inimaginables au début des années 90. Dans un avenir pas très lointain, où les frais de transaction pourraient devenir «près de zéro» et «immuables» en quelques secondes, de nouveaux modèles d’affaires, de marketing, de publicité et de collaboration pourraient également voir le jour. 
Cette technologie fait beaucoup de bruit. Pourquoi seulement maintenant?
Quand les technologies fusionnent, elles s’amplifient mutuellement. Internet permet la collaboration et le partage de ressources à l’échelle mondiale. Depuis 20 ans, la cryptographie a beaucoup évolué et la révolution mobile a changé le comportement des utilisateurs tout en mettant à la portée d’un très grand nombre de personnes la puissance des ordinateurs.
Quels facteurs contribuent à démocratiser la chaîne de blocs?
AMAZON ET STARBUCKS ACCEPTENT BITCOIN COMME FORME DE PAIEMENT VALIDE. 
Des entreprises comme Amazon et Starbucks acceptent la cryptomonnaie Bitcoin comme forme de paiement valide. Même des pays comme le Japon ont accordé à la monnaie Bitcoin le statut de devise, en la soumettant aux mêmes réglementations que celles imposées aux autres monnaies.
Plus spécifiquement sur le phénomène de blockchain en communications-marketing, quel sera son impact sur l’industrie, les consommateurs et les modèles d’affaires?
J’ai toujours été très intéressé par la manière dont les technologies pouvaient permettre de mieux servir les clients, puis changer ou créer de nouvelles occasions d’affaires. Avec le recul, il semble étrange qu’il y a 25 ans, des experts aient tenu de sérieux débats sur la possibilité ou non de faire de l’argent avec internet et si des utilisateurs du web accepteraient la présence de publicité sur ce nouveau média.
LES NOUVEAUX MODÈLES DE PAIEMENT TRANSFORMENT LES COMPORTEMENTS D’ACHAT, COMME LA CARTE DE CRÉDIT L’A FAIT DANS LES ANNÉES 80.
Aujourd’hui, des entreprises comme iPayYou collaborent avec Starbucks et Amazon afin de permettre aux gens de dépenser des Bitcoin et d’utiliser Twitter ou des comptes Facebook pour ouvrir des comptes et transférer des paiements, avec toutes les possibilités que l’intégration des réseaux sociaux peut apporter.
Les nouveaux modèles de paiement transforment bel et bien les comportements d’achat, comme la carte de crédit l’a fait dans les années 80. Prenons l’exemple de WeChat pay, utilisé par plus de 700 millions de personnes. Le marketing et la publicité doivent rester à jour et tirer profit de ces occasions.
DISNEY EXPLORE L'UTILISATION DU BLOCKCHAIN POUR LES PROGRAMMES DE FIDÉLISATION ET DE RECONNAISSANCE POUR SES CLIENTS.
Par exemple, Disney (avec son projet «Dragonchain») explore l'utilisation du blockchain pour les programmes de fidélisation et de reconnaissance pour ses clients.
Comment les marques devraient-elles adopter les concepts de chaîne de blocs pour les transposer dans un marché de masse?
Selon le L2’s 2016 Luxury China Digital IQ Index, 92% des marques mondiales de luxe ont maintenant un compte WeChat. C’est une hausse spectaculaire par rapport à 2014, alors qu’environ la moitié, seulement, de toutes les marques avaient joint la plateforme. La fonctionnalité de WeChat est passée d’une application de messagerie à l’application universelle sur tous les téléphones intelligents chinois, ce qui rend le système d’exploitation ou d’autres applications spécialisées relativement peu pertinentes.
Tout ce qui a trait aux récompenses, aux programmes de fidélisation et aux micropaiements sera probablement touché et influencé par la technologie de la chaîne de blocs. Des modèles incitatifs pas économiquement viables aujourd’hui changeront probablement la donne de manière fondamentale aussi.
Pour conclure, pensez-vous que la technologie de la chaîne de blocs sera au marketing ce que le web était pour les communications?
Je suis absolument convaincu du potentiel énorme de la technologie de la chaîne de blocs. Nous sommes encore à ses prémices et au développement d’un modèle d’entreprise associé. De la même manière que le monde du marketing et de la publicité a évolué avec internet, il changera avec l’adoption et le déverrouillage des possibilités offertes par la technologie de la chaîne de blocs.
En tant que professionnel dans l’industrie de la publicité, il est aussi essentiel de comprendre et d’expérimenter les technologies de la chaîne de blocs aujourd’hui qu’il était nécessaire de le faire avec le HTML et la publicité en ligne en 1995.
--

No comments:

Post a Comment